Monsieur le Maire, Cher Pascal,
J'ai pris l'habitude d'interpeller publiquement les responsables politiques dès que je détecte un enjeu particulier dans les choix à venir, même et surtout s'ils appartiennent à ma sensibilité politique.
Depuis votre élection, vous êtes face à la très mauvaise situation financière de la Ville de Bourges, sujet qui a été éludé lors de votre campagne, malgré mes alertes répétées. Je précise que la dette de plus de 140 millions d'euros ou 150 % du budget annuel de la Ville de Bourges, sans compter les engagements hors budget (caution et garanties bailleurs sociaux, budgets annexes,...) est justifiée en grande partie par le Plan de Renouvellement Urbain dont peut se féliciter la dernière équipe Lepeltier.
Il s'agit donc aujourd'hui d'arbitrer entre plusieurs scénarios budgétaires dont le point commun est la baisse certaine et constante des recettes pour les 3 prochaines années, dans la mesure ou vous avez promis un gel des taux d'imposition locaux dépendant de votre décision.
Afin d'éviter de reproduire avec le Palais des Sports du Prado, le débat inique de l'été autour du stade Vélodrome de Marseillle, je vous demande de nous dire si vous allez appeler auprès du club résident le loyer correspondant à l'investissement et au coût de fonctionnement de cette nouvelle infrastructure annoncée à un coût de construction minimum de 16 millions d'euros.
Vous savez d'ailleurs que la Cour des Comptes veille d'autant plus aux équilibres de gestion que le taux d'endettement de la collectivité est important (35 ans de délai de remboursement de la dette si budget primitif 2014 exécuté selon autofinancement net des cessions exceptionnelles).
Ce loyer anuel ne pourra pas être éloigné de 1 200 000 €/an (un million deux cent mille euros par an) pendant 30 ans selon le décompte suivant :
16 millions htva/30 ans = 533 300€/an de valeur d'amortissement,
le taux de prêt retenu à 2%, soit un montant locatif annuel coût financier compris de 717 796 €. En euro courant.
le taux d'inflation moyen sur 30 ans de 1,5% soit un loyer actualisé au terme de la première année 728 563 €/an... et ainsi de suite pendant 30 ans.
l'assurance 2 € m2/an,
la maintenance courante du bâti à 4 €/m2/AN + maintenance courante équipement à 8 €/m2/an
gros entretiens remplacement : 15 €/m2/an
nettoyage : 15€/m2/an
la taxe foncière 5 €/m2/an
les charges courantes dont le chauffage urbain à 8 €/m2/an
surface totale 8 400 m2 (source site internet ville de Bourges)
soit 57 € x 8 400 m2 = 478 800 €/an de frais
SOIT UN LOYER ANNUEL TOTAL DE 1 207 363 € courants htva à parfaire chaque année de l'inflation. Pour mémoire, le club paie aujourd'hui un loyer annuel 12 fois inférieur largement compensé par des subventions municipales tout à fait régulière et normale.
Si le club ne paie pas ce loyer annuel, ce sont tous les contribuables de Bourges qui paieront un impôt invisible supplémentaire de 2,5% ou plutôt une baisse de services publics d'autant (les récentes décisions de suppressions de manifestations en témoignent).
C'est la raison pour laquelle, Monsieur le Maire, cher Pascal, je vous conseille de vendre le Palais des Sports du Prado en "état futur d'achèvement" au club professionnel BOURGES BASKET afin que cet investissement bascule dans la sphère privée et libère immédiatement une ligne de crédit qui sera bien utile, à endettement constant, au montage du financement de la Maison de la Culture de Bourges, dont je n'imagine pas une seconde son abandon, au risque de perdre en conséquence le Printemps de Bourges.
En outre, cette solution est préférable pour le club et ses partenaires sponsors privés car il feront une excellente opération patrimoniale au terme des 30 prochaines années et seront autonomes donc garantis par rapport au pouvoir politique et ses aléas.
En conclusion, Monsieur le Maire, cher Pascal, je lie le sort du Prado à celui de la Maison de la Culture et du Printemps de Bourges, en voulant ne rien perdre. Mais pour cela, il faut rendre au privé ce qui est de son ressort, le sport spectacle professionnel, et laisser nos impôts payer les services publics dont la culture, l'éducation, l'aménagement et la sécurité de proximité sont grandement de la compétence locale de la municipalité.
Votre bien dévoué,
Philippe BENSAC